La bulle crypto n’a peut-être pas encore atteint sa taille critique. Pour le stratège macroéconomique Henrik Zeberg, le marché serait même en passe de quadrupler sa capitalisation, avant de retomber. Son scénario est tranché : une ultime jambe haussière, portée par la dynamique des marchés et le contexte macro, pourrait pousser la valeur totale des cryptomonnaies jusqu’à 12 000 milliards de dollars, contre un peu moins de 4 000 milliards aujourd’hui.
Une lecture en cinq temps pour les cryptomonnaies
À la base de cette projection, un cadre bien connu des chartistes : la théorie des vagues d’Elliott, qui décompose les cycles de marché des cryptomonnaies en cinq phases, alternant poussées haussières et corrections.
Zeberg estime que le marché des cryptomonnaies est désormais engagé dans la cinquième et dernière vague. Il s’agit de celle qui précède, classiquement, le retournement.
C’est souvent le moment où l’exubérance domine, où l’appétit pour le risque déborde, et où les valorisations s’envolent sous l’effet du momentum.
Dans cette logique, la capitalisation globale pourrait s’étendre dans une fourchette allant de 8 960 à 12 810 milliards de dollars, Zeberg penchant pour la borne haute.
Bitcoin, entreprises, macro : les moteurs en jeu
Trois éléments principaux nourrissent ce scénario. D’abord, la résilience du Bitcoin face aux marchés actions. Depuis plusieurs mois, le BTC aurait mieux tenu le choc que le Nasdaq, notamment dans les phases de repli.
Une performance qui, selon Zeberg, témoigne d’une évolution : le Bitcoin s’imposerait de plus en plus comme un actif indépendant, sensible à ses propres catalyseurs.
Deuxième moteur : l’adoption croissante par les entreprises, encore limitée mais visible. Qu’il s’agisse d’un usage en trésorerie ou d’investissements structurés, ce mouvement installe, lentement, un socle de demande potentiellement plus stable.
Enfin, le contexte économique mondial pèse. L’inflation reste tenace, les signaux de ralentissement se multiplient, et le spectre d’une “récession des bilans” inquiète les marchés.
Dans cet environnement incertain, les actifs alternatifs comme les cryptomonnaies pourraient continuer à capter l’attention, au moins tant que les anticipations de croissance ou de liquidité ne se normalisent pas.
Zeberg nuance toutefois : ces mêmes facteurs pourraient, en cas d’inflexion, accélérer la phase baissière.
Stratégie : viser le cœur de la vague
Faut-il pour autant surfer sur la dernière vague ? Zeberg plaide pour une approche pragmatique : entrer quand le mouvement s’accélère, capter l’essentiel de la hausse, et sortir avant le sommet. Une manière d’éviter les pièges d’un marché où les excès peuvent se produire rapidement.
Pas question, donc, de deviner le “top”. L’idée est plutôt de gérer le risque, en se retirant dès que les signaux s’émoussent.
Un autre sujet revient en boucle : l’informatique quantique représente-t-elle une menace imminente pour Bitcoin ? Un ancien de Google se veut rassurant : les ordinateurs quantiques ne sont pas, à ce jour, capables de compromettre les clés cryptographiques.
Le risque existe, à terme, mais l’écosystème aurait les moyens d’adapter ses protocoles si nécessaire, notamment avec des systèmes dits “post-quantiques”. En attendant, le plus simple reste de bien gérer ses clés, et d’éviter les négligences basiques.
Gare à l’euphorie des cryptomonnaies
Comme souvent en fin de cycle, les voix prudentes se font entendre. Max Keiser, figure bien connue de la sphère crypto, anticipe une possible correction sévère. Il rappelle que les vagues 5 sont aussi les plus piégeuses : ce qui alimente la hausse (flux entrants, engouement collectif, FOMO) peut également amplifier la chute.
L’histoire du marché regorge d’exemples où plusieurs milliers de milliards se sont évaporés en quelques semaines, à la faveur d’un changement brutal de sentiment ou d’une baisse de liquidité.
Dans l’hypothèse d’un pic à 12 000 milliards, le marché verrait s’ajouter près de 8 000 milliards de dollars de valorisation en quelques mois. Et comme souvent, ce ne serait pas seulement le Bitcoin qui en profiterait.
Une dynamique bien connue voudrait que les grandes capitalisations tirent d’abord la hausse, avant que certaines altcoins plus spéculatives ne prennent le relais, à mesure que l’optimisme se diffuse. Ce n’est pas une règle absolue, plutôt une tendance que l’on observe en fin de cycle.