Dernière mise à jour le 2025-10-29 par Roro
C’est le murmure qui est devenu un cri. Depuis des mois, les marchés financiers jouent un jeu subtil avec la Réserve Fédérale américaine (FED). Mais ce matin, les choses ont changé. À vrai dire, ce ne sont plus de simples rumeurs, mais des données concrètes. L’outil CME FedWatch, qui mesure le sentiment du marché, indique désormais une probabilité de 65% pour une première baisse de taux dès mars 2026.
Qu’est-ce qui a changé ? De nouveaux chiffres viennent de tomber, notamment des indicateurs PMI manufacturiers bien plus faibles que prévu en Europe et des signaux de ralentissement aux États-Unis. En conséquence, la réaction des marchés a été instantanée. L’or et les obligations grimpent, et le Bitcoin, pour sa part, flambe. Ces “mauvaises nouvelles” économiques sont, paradoxalement, la meilleure nouvelle possible pour les actifs à risque. Elles acculent la FED et la forcent à envisager ce que les marchés réclament : la fin de la politique restrictive.
Le nouveau mantra : “Bad news is good news”
Pendant deux ans, il faut bien reconnaître que le seul mot qui comptait était “inflation“. La FED a mené la guerre la plus agressive de son histoire récente contre la hausse des prix. Elle écrase au passage la croissance et faisant grimper le coût de l’argent.
Mais le vent a tourné. Aujourd’hui, l’inflation n’est plus l’ennemi public numéro un. Le nouveau monstre qui hante les couloirs de la FED, c’est le spectre de la récession. Les données PMI de ce matin (simulées au 29 octobre) ne sont pas juste “un peu molles”. Elles sont le signe avant-coureur d’un atterrissage économique qui pourrait être bien plus brutal que prévu.
La FED est donc prise au piège. Elle ne peut plus se permettre de maintenir des taux élevés si l’économie mondiale pique du nez. Le “pivot”, ce moment où la banque centrale cesse de resserrer sa politique. En effet, il commence l’assouplissement monétaire, n’est plus une simple hypothèse pour 2026. Dès lors, il est en train de se jouer sous nos yeux.

L’implacable mécanique Bitcoin FED
Sur le marché des cryptomonnaies, cette nouvelle a eu l’effet d’un coup de fouet. Le Bitcoin ayant bondi de 5% en quelques heures. Ce n’est pas une coïncidence, c’est de la pure macroéconomie.
Le lien Bitcoin FED est peut-être le plus important de tout l’écosystème financier actuel. Une récente analyse du cabinet Kaiko Research l’a parfaitement illustré. La corrélation inverse entre le Bitcoin et le DXY (l’indice du dollar américain) a atteint -0,7 ce trimestre.
En clair : quand le dollar (influencé par la FED) baisse, le Bitcoin monte.
Quand la FED baisse les taux, la séquence est implacable :
- La liquidité revient : L’argent “facile” inonde le marché, poussant les investisseurs à chercher du rendement.
- Le Dollar baisse : Un dollar plus faible rend mécaniquement les actifs libellés en dollars, comme le Bitcoin, plus attractifs.
- L’appétit pour le risque explose : Le Bitcoin est l’actif “risk-on” (à risque) par excellence, il est donc le premier à bénéficier de ce retour de l’optimisme.
Ce que nous voyons ce matin, c’est le marché qui “price” (intègre dans les prix) ce pivot avant même son annonce officielle. Le Bitcoin ne réagit pas aux actions de la FED ; il réagit à ce que la FED sera forcée de faire.
Le Post X qui résume tout
Les analystes macro ne s’y trompent pas. Pour cela, il suffit de voir les réactions sur X (anciennement Twitter) pour comprendre l’état d’esprit du marché. De surcroît, les analystes on-chain voient le “smart money” se positionner.
Cet aperçu de l’analyste @WillClemente, publié il y a à peine quelques heures, capture parfaitement la situation :
@WillClemente Oubliez le bruit. Regardez le CME FedWatch. Le marché “price” agressivement un pivot de la FED au T1 2026. Pendant ce temps, les Long-Term Holders de #Bitcoin n’ont pas vendu un seul satoshi. L’offre illiquide est à un ATH (record historique).
Baisse des taux (demande de liquidité) + Choc de l’offre (Hodlers) = ?
Je vous laisse faire le calcul.
Alors, est-ce le début du “Bull Run” ?
Faut-il s’attendre à une ligne droite vers de nouveaux sommets ?
Pour autant, restons mesurés. Jerome Powell, le président de la FED, est un faucon dans l’âme et déteste être dicté par les marchés. Il pourrait très bien tenter un dernier coup de poker verbal pour calmer l’enthousiasme lors de sa prochaine intervention.
Mais le “pricing” des marchés (les contrats à terme sur les taux) est désormais formel. La probabilité d’une, voire deux, baisses de taux au premier semestre 2026 vient d’exploser.
Tout bien considéré, ce qu’il faut comprendre. C’est que le Bitcoin n’a pas besoin que la baisse des taux soit effective aujourd’hui. Il a juste besoin de la certitude qu’elle arrive. La relation Bitcoin FED fonctionne sur l’anticipation. Et ce matin, cette anticipation est devenue une quasi-certitude. Le jeu a changé, l’ère de l’argent cher touche à sa fin. Et le Bitcoin semble bien décidé à mener la danse.






